Les animaux sont comme les humains. Certains sont équilibrés, calmes et respectueux, tandis que d'autres sont effrontés, impolis et totalement indifférents à l'opinion d'autrui. Notre chat gris, Mickey, appartient à cette dernière catégorie.
Ce rustre bedonnant pèse au moins 6 kilos avant le déjeuner ; après, il pèse bien plus. Pourtant, il semble se prendre pour une gracieuse ballerine, car il adore grimper haut et exécuter divers pas de danse.
Son passe-temps favori est l'escalade. Son sommet préféré est la tête de lit moelleuse, de 10 à 15 cm de large, de notre lit, où mon mari et moi dormons.
Mais le chat s'entraîne à grimper la nuit. Et nous sommes tellement épuisés par le travail que dormir au moins six heures par nuit est une véritable bénédiction.
Cependant, Miki ne le comprend pas. Il croit que ses maîtres vivent comme lui : dormant toute la journée, entrecoupée de repas gargantuesques.
Au mépris total de notre droit au repos, le chat hippopotame grimpe chaque nuit sur la tête de lit et se met à pratiquer des fouettés de ballet. Ce faisant, il profite de l'occasion pour faire le tour de son territoire, ce dont il ne doute pas.
Mais soit il n'est pas très doué en ballet, soit il est tout simplement maladroit et en surpoids, et il perd l'équilibre. Toutes ses promenades nocturnes au pied de notre lit, au quatrième ou cinquième essai, se terminent invariablement par une chute assourdissante.
Et si cette créature, avec son manque total de grâce, se laisse tomber sur des oreillers moelleux, ça passe encore, mais c'est pire quand elle nous atterrit sur la tête. Rien que d'imaginer six kilos de graisse de chat voler en pleine nuit, c'est terrifiant. Forcément, même Ramsès la Momie se réveillerait après ça, alors imaginez mon mari et moi !
Quand on est aussi fatiguée au travail, se réveiller avec du mascara épais qui atterrit sur le visage n'est pas la meilleure option, surtout s'il atterrit sur les fesses.
C'est encore pire et encore plus dangereux lorsque, au moment crucial, le chat se met à faire semblant d'être un nageur et à pagayer activement avec ses pattes pour tenter de remonter à la surface, nous griffant les joues, les oreilles et le nez.
Au début, j'ai réagi avec un certain calme à ces pitreries nocturnes. Mais la patience de mon mari a rapidement atteint ses limites, et il a déclaré qu'il ne tolérait plus un chat de six kilos sur son visage.
Je me suis alors mise à étudier les témoignages de conseillers virtuels confrontés à des situations similaires. C'est ainsi que je suis tombée sur l'histoire d'une jeune fille dont le chat, tout aussi gros, avait l'habitude de se poser sur sa tête. Elle a réussi à le désintoxiquer en utilisant de simples ballons.
Avant d'aller au lit, mon mari et moi avons décidé d'élaborer un plan de défense. Nous avons couché notre fils et retiré six ballons de sa chambre, restes de son anniversaire.
Nous les avons gonflés et coincés, comme de petits boutons, entre la tête de lit et le mur. Le résultat était éclatant et magnifique, digne d'une fête d'enfants. Après avoir admiré ce spectacle, anticipant la frayeur du chat et sa fuite de notre chambre, nous sommes allés nous coucher, satisfaits, en nous frottant les pattes comme des cafards après le dîner.
Le chat a attendu que nous éteignions la lumière, s'est couché et s'est profondément endormi, puis est parti à la conquête du sommet du lit.
Le coup de feu suivant anéantit tout espoir qu'il ait définitivement renoncé au ballet. Apparemment, le coup de feu surprit Miki, et comme toujours, ses rondeurs l'empêchèrent de garder l'équilibre. En pleine nuit, il s'affala sur les oreillers puis se retira on ne sait où.
Prenant conscience, dans notre sommeil, de ce qui se passait, nous avons cherché l'interrupteur et avons découvert une scène réjouissante : le chat était assis par terre, complètement désorienté, entouré des restes d'une balle bleue, les yeux plissés de mécontentement.
Son visage laissait même transparaître un semblant de mépris à notre égard, à nous, ses esclaves, qui avions osé créer un décor si fragile et perturber la représentation de ballet sur cette scène improvisée.
Comme il faisait nuit et que nous étions terriblement fatigués, nous n'avons pas pris la peine de consoler le chat ni d'analyser son trouble émotionnel. Au lieu de cela, nous lui avons donné un coup de pied, rapproché nos testicules et, satisfaits de notre vengeance réussie, nous sommes allés nous coucher.
Mais nous avions tellement tort. Un peu plus tard, nous avons dû admettre que nous étions de piètres stratèges et que nous ne connaissions rien aux chats. Après un grand bruit et un coup de patte, le chat offensé commença à préparer sa contre-attaque. Il ne lui fallut que vingt minutes.
Après avoir attendu que nous nous endormions paisiblement dans les bras l'un de l'autre, le chat s'est approché en rampant et a fait un « bang » délibéré, puis, quelques secondes plus tard, un autre.
Nous avons sauté sur le lit, décoiffés, sans rien comprendre, allumé la lumière et n'avons vu que l'expression insolente sur le visage, puis les talons étincelants du chat qui s'était enfui.
Il était visiblement ravi de sa farce et prenait nos précautions pour un nouveau divertissement. Déçus, nous avons rangé les ballons et sommes allés nous coucher. Inutile de préciser que Mickey nous a réveillés plusieurs fois cette nuit-là.
Mais cet homme gros et insolent s'en est pris aux mauvaises personnes. Mon mari et moi avons finalement trouvé une solution et avons refusé de baisser les bras.
Maintenant, nous fermons toujours la porte de notre chambre avant d'aller au lit. Mickey hurle devant la porte et la gratte de ses grosses pattes toute la nuit, sans jamais renoncer à essayer d'entrer.
Mais ce bruit n'est qu'une simple mélodie comparé à l'éclatement d'un ballon et au claquement d'un chat de six kilos sur nos têtes. Alors, la grosse bête qui nous tombe dessus n'est plus un obstacle. Maintenant, mon mari et moi pouvons enfin dormir sur nos deux oreilles.



